Ribambelle se fait la belle

Trans-Gascogne (12-14 août)
1
26
0
Gascogne...
Si familier, ce grand golfe rondouillard. Si proche et tellement anodin, inscrit en lettres rondes sur la carte de France apprise à l'école...
Un nom dans lequel on entend déjà la faconde du sud-ouest, qui évoque Cyrano et d'Artagnan, insouciants, plumes au vent...
Et puis j'ai commencé à naviguer, à rencontrer des marins jamais avares de conter leurs expéditions plus ou moins lointaines : de l'autre côté de la baie, de la Manche, de l'Atlantique, jusqu'aux Scilly, aux Lofoten ou aux Caraïbes... mais jamais dans Gascogne. Je me suis dit que les Bretons étaient décidément bien bizarres ou bien chauvins de toujours préférer les anglo-normandes et l'Irlande à la chaleur de l'Espagne pourtant si proche de l'autre côté de Gascogne.
Et puis nous avons commencé à préparer notre tour de l'Atlantique. J'ai vu l'homme enthousiaste, quasiment prêt à envisager le Horn... mais stressé par Gascogne.
J'ai lu, rencontré, discuté avec des familles nous ayant précédé sur ce tour : "vous verrez, ce sont vraiment des navigations faciles... sauf Gascogne".
Alors... Gascogne ?
Fidèle à sa réputation...
La météo annonçait vent de force 3-4, houle d'1m50... ça a plutôt été force 5-6 rafales à 7, creux jusqu'à 4m. Surtout, la houle et les vagues se sont opposées, créant une mer courte, croisée, désagréable... l'impression de passer quelques heures dans le tambour de sa machine à laver réglée sur essorage... pas dangereux mais franchement inconfortable.
Mais Gascogne ça a aussi été :


1. le vrai départ de notre "grand voyage", première navigation sur des eaux inconnues, famille mouchoirs au vent sur la jetée de Loctudy ;
2. des dauphins sympas qui nous ont accompagné toute la première journée, meilleur remède contre le mal de mer des débuts de traversée ! Notre corsaire malouin les a immédiatement baptisé Orléans, Beaugency, Notre Dame et... Cacahuète... éclectique !
3. une erreur de débutante qui se solde par un
coude déboité et une arrivée tonitruante, je vous raconte vite tout ça plus en détail

4. un atterrissage jour de fête nationale espagnole avec feu d'artifice de folie à la clef et trois mousses persuadés que papa et maman l'ont commandé tout spécialement pour fêter cette première traversée
5. et tout ce que les photos ne disent pas : les nuits en mer sous une pluie d'étoiles filantes et un vaillant petit équipage à l'estomac bien secoué qui, trois jours durant, a vomi, joué, vomi, dormi, dormi, dormi, joué, mangé (un peu), immédiatement vomi, joué et s'est émerveillé (mer-éveillé ?), le sourire aux lèvres...